La magnétothérapie s’inscrit dans une histoire millénaire

La magnétothérapie s’inscrit dans une histoire millénaire

La magnétothérapie s’inscrit dans une histoire millénaire

par Céline Tardito Garcin

Selon la légende, Cléopâtre, première influenceuse de l’histoire aux mille secrets de beauté, portait une amulette magnétique sur le front pour préserver sa jeunesse…

Afin de soulager les douleurs articulaires, on utilisait des bracelets de métal magnétisé, dès l’antiquité en Inde, en Chine ou en Grèce. 

Au dixième siècle avant notre ère, l’Atharva Veda, texte sacré de l’Inde fait allusion aux aimants comme antipoison ou antidouleur. 

Par ailleurs, la médecine chinoise employait déjà les aimants thérapeutiques, bien avant l’invention de la boussole.

L’étonnant pouvoir des aimants n’a donc pas cessé de fasciner les hommes. Il n’est pas surprenant, alors, que le corps médical s’y soit également particulièrement intéressé.

Découverte en Chine, puis en Grèce, une pierre noire avait l’étrange pouvoir d’attirer le fer, et même de lui transmettre cette capacité.

Cette pierre, la magnétite, aurait été découverte par hasard par le berger Magnès, dont elle tiendrait son nom, sur le mont Ida, plus haut sommet de Crète et lieu de naissance du grand Zeus. Lors d’une promenade, le berger se serait rendu compte que l’extrémité de son bâton et les clous de ses chaussures étaient attirés par une force irrésistible… 

Selon une autre version, elle aurait été trouvée dans le célèbre gisement d’Héraclée de Magnésie (actuelle Thessalie, en Grèce). Les Grecs l’appelaient « Magnès lithos », pierre de Magnésie, Pline l’ancien la nommait « pierre d’Hercule » en hommage à son formidable pouvoir d’attraction et Aristote la considérait comme la pierre par excellence.

Hippocrate lui attribuait un pouvoir de purge et celui de favoriser la fécondation, Aristote croyait au pouvoir antalgique des aimants en application directe sur la zone douloureuse et Pline l’ancien développe les nombreuses utilisations des aimants en médecine.

Au Moyen-Age, un tournant s’opère, le pouvoir d’attraction du fer par l’aimant passe au premier plan. Il semble symboliser les pulsions humaines élémentaires et surtout la première d’entre elle : l’attirance sexuelle. La maladie étant considérée comme le résultat de passions ou humeurs négatives, la croyance que l’aimant pouvait les attirer au dehors du corps en découlait donc naturellement.

Au Xème siècle, en Perse, les médecins en font mention : Avicenne confère à l’aimant noir le pouvoir d’éliminer les mauvaises humeurs et Ali Abbas raconte « que l’aimant tenu dans la main atténue les douleurs ».

Plus anecdotique, Saint Albert le Grand, au XIIIème siècle en Bavière, croit aux pouvoirs des aimants sur les femmes infidèles : « Si tu veux savoir si ta femme est chaste, prend la pierre nommée magnes, qui est de couleur de fer, (...) pose donc cette pierre sous la tête de la femme, et si elle est chaste, elle embrasse son mari, ou sinon elle cherra du lit. ».

Au XVIème siècle, Paracelse établit un lien entre l’aimant terrestre et le magnétisme cosmique. Ce faisant, il crée une petite révolution chez les alchimistes qui croient à la théorie du macrocosme et du microcosme comme résumée dans La Table d’émeraude d’Hermès Trismégiste, considéré comme le père des Philosophes :

« Il est vrai, sans mensonge, certain et très véritable : Ce qui est en bas, est comme ce qui est en haut ; et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour faire les miracles d'une seule chose. ».

Si la terre est un véritable aimant et que l’homme, comme partie du grand tout, est conçu à son image, les champs magnétiques se doivent d’agir sur lui, au même titre que sur tous les êtres vivants. 

Ainsi, Paracelse popularise-t-il le magnétisme comme traitement thérapeutique, que ce soit en emplâtre pour guérir les plaies, pour contenir les hernies, pour retirer balles et flèches et, de façon générale, extraire du corps de nombreuses maladies.

Nombre d’alchimistes lui emboiteront le pas, comme le père Athanase Kircher qui, avec le « magnetismus medicinalium », rédige un véritable traité d'utilisation médicale de l'aimant.

Au XVIIème siècle, c’est une révolution technologique qui a lieu avec le développement de la métallurgie, lorsqu’apparaissent les aimants permanents artificiels. Moins chers que les aimants naturels, ils peuvent prendre toutes les formes. C’est ainsi que leur commerce se développe, favorisant leur emploi analgésique, en dentisterie, par exemple ou pour soigner des affections comme les paralysies, la goutte, etc.

Au XVIIIème, attribuant aux aimants le pouvoir de rééquilibrer la bipolarité humaine au sein du fluide universel, Franz-Anton Mesmer utilisera le magnétisme pour guérir les personnes.

Au XIXème, Charcot étudie les aimant pour leur effet tranquillisant sur le système nerveux et Louis Pasteur s’intéresse aux effets bénéfiques du champ magnétique sur la croissance des plantes.

Notre ère moderne voit l’introduction progressive de la magnétothérapie dans l’éventail des soins. Les effets anesthésiants des aimants appliqués localement sont privilégiés.

En URSS, suite aux nombreuses amputations provoquées par la seconde guerre mondiale, les médecins utilisent les aimants pour traiter les douleurs des membres fantômes.

Selon le professeur NAKAGAWA, médecin à l'hôpital Isuzu de Tokyo, le « syndrome de déficience magnétique », dû aux conditions de la vie moderne, touche de plus en plus de personnes. Dans les années 70, il a pu mener une étude sur plus de 11 000 patients. 

Le Ministère de la Santé japonais autorise officiellement la pratique de la magnétothérapie en soins hospitaliers. Elle permet d’accélérer la cicatrisation ou de traiter les fractures de façon naturelle et sans effet secondaire. 

Plus proche de nous, la NASA, ayant constaté des défaillances du système immunitaire ainsi que des problèmes de réduction de la densité osseuse chez les astronautes, a équipé ses vaisseaux spatiaux de générateurs de champ magnétique.

Aujourd’hui la magnétothérapie, branche de la naturopathie, est en plein essor et il est vrai qu’elle a de quoi nous séduire.

Par son aspect naturel et sa simplicité d’utilisation, d’abord – il n’y a pas de produit à ingérer. Par son aspect économique, écologique et durable, ensuite, car les aimants sont permanents. Et enfin, par ses multiples applications pour soulager les maux du quotidien.